En 1974,  le Grenelle de l’environnement annonçait la mise en œuvre d’une réglementation thermique permettant de diviser par 2 la consommation énergétique des constructions neuves pour lutter contre le changement climatique et pour mieux préserver notre environnement. En juillet 2010, le ministère de l'écologie annonçait l’arrivée de la réglementation RT 2012 permettant de diviser par 3 cette même consommation énergétique, obligeant ainsi la construction de Bâtiments Basse Consommation (BBC) dès le 1er janvier 2013. Mais alors, quelles sont les nouveautés de la RT 2012 par rapport à la RT 2005 ?

Domaines de mise en application de la RT 2012

La RT 2012 concerne toutes les constructions neuves (y compris extensions) de bâtiments résidentiels et tertiaires, à l’exception de ceux dont la température normale d’utilisation est inférieure ou égale à 12°C, à l’exception des constructions provisoires (d’une durée d’utilisation inférieure à 2 ans), des bâtiments d’élevage ainsi que des bâtiments chauffés ou climatisés en raison de contraintes liées à leur usage. Vous pouvez consulter l’ensemble des constructions non concernées dans notre article : qui est concerné par la RT 2012 ?

De la RT 2005 vers la RT 2012 : des changements importants

Par rapport à la RT 2005, de nombreux changements ont fait leur apparition : suppressions, modifications et nouveautés… Il s’agit d’un ensemble de mesures que les comités opérationnels ont votés pour la loi Grenelle 1 et Grenelle 2 à l’automne 2007, pour permettre à la France de mettre en place sa politique énergétique.

RT 2012 : passage du CEP de la valeur relative à la valeur absolue

Dans la nouvelle Réglementation Thermique 2012, la valeur maximal du Cep (Consommation conventionnelle d'énergie primaire) est dorénavant définie en valeur absolue [kWhep/(m².an)] et non plus en valeur relative. C’est-à-dire qu'il ne faut pas dépasser une consommation maximale autorisée commune à tous les bâtiments et quelle que soit l’énergie utilisée. Auparavant, la consommation devait être inférieure à une consommation de référence, peu ambitieuse et très variable en fonction des cas de bâtiments. On la retrouve ainsi définie à 50 kWhep/(m².an), c’est-à-dire généralisation des bâtiments à basse consommation.

Tout comme la RT 2005, on ne doit pas confondre la quantité d’énergie finale représentant l’énergie disponible pour l’utilisateur final exprimée en (KWhEF), avec l’énergie primaire exprimée par l’unité de mesure (kWhEP), représentant la consommation nécessaire à la production de cette énergie finale.

D’une manière générale, la consommation conventionnelle maximale d’énergie primaire, “Cepmax”, est donc définie comme suit :

Cep max = 50 x M ctype x (Mcgéo + Mcalt + Mcsurf+ McGES)

On retrouvera ensuite les différents coefficients de modulation suivants :

Mctype : coefficient de modulation selon le type de bâtiment ou de partie de bâtiment et sa catégorie CE1/CE2.
Mcgéo : coefficient de modulation selon la localisation géographique.
Mcalt : coefficient de modulation selon l’altitude.
Mcsurf : pour les maisons individuelles ou accolées et les bâtiments collectifs d’habitation, coefficient de modulation selon la surface moyenne des logements du bâtiment ou de la partie de bâtiment.
McGES : coefficient de modulation selon les émissions de gaz à effet de serre des énergies utilisées, pour le bois-énergie et les réseaux de chaleur et de froid faiblement émetteurs en CO2.

On retiendra certains cas particuliers pour les bâtiments collectifs d’habitation. En effet, si le permis de construire est déposé entre la date d’application du décret (27 octobre 2011) et le 31 décembre 2014, on profitera d’une exigence de consommation augmentée de 7,5 kWhEP/(m².an).

La formule se transforme alors en :

Cep max = 57.5 x M ctype x (Mcgéo + Mcalt + Mcsurf+ McGES)

Méthode de calcul : Disparition du TH-C-E au profit de la méthode Th BCE 2012

Lors de la RT 2005, la méthode de calcul utilisée était la méthode “TH-C-E”. Avec la RT 2012, c’est la nouvelle méthode de calcul “Th BCE 2012” qui vient la remplacer.

Cette méthode de calcul s’appuie sur deux types de données pour s’assurer de la conformité du bâtiment aux 3 exigences de résultats de la RT 2012. On renverra ce lien vers la page dédiée sur le site RT2012 des Matériaux

  • des données opposables et vérifiables au moment de la construction

Cela comprend notamment la surface, le type et les caractéristiques des équipements, orientation, etc..

  • des données ne pouvant pas être définies en amont des projets

Cela comprends cette fois, la présence des occupants, les conditions météorologiques, etc...

Afin de vérifier la conformité d'un projet à la RT 2012, une liste de logiciels d’application intégrant le moteur de calcul développé par le CSTB est fournie par des éditeurs de logiciels et accréditée par le ministère en charge de la construction.

Suppression des nombreux “garde-fous” techniques de la RT 2005

On notera la disparition de nombreux “garde-fous” de la RT2005, avec néanmoins maintien de certains et renforcement de l’exigence, notamment :

  • l'isolation des parois opaques séparant une zone à occupation continue d’une zone à occupation discontinue (ex : entre une zone d’habitation et une zone de bureaux) avec U ≤ 0,36 W/(m².K)
  • le pont thermique moyen de liaison de plancher intermédiaire ne doit pas dépasser la valeur de 0,6 W/(m.K) ce qui oblige à traiter thermiquement la liaison avec :
    • des rupteurs ou planelles & maçonneries performantes en ITI
    • des mono murs terre cuite ou du béton cellulaire en ITR
    • l'isolation par l’extérieur, et balcons traités, en ITE
    • le passage au nez de dalle de façades à ossatures (bois ou métal)
  • En confort d’été avec obligation d’équiper tout local non climatisé à usage de sommeil (ex : chambre) de protections solaires mobiles avec exigences sur le facteur solaire (Sw) des baies extérieures.
  • Les baies d’un local non climatisé, autre qu’à occupation passagère (ex : chambre, séjour), doivent pouvoir s’ouvrir sur au moins 30% de leur surface.

Enfin, contrairement à la RT 2005, le calcul du coefficient sur l’isolation thermique “Ubat” n’est plus obligatoire. Ce dernier est remplacé par le coefficient “Bbio” modulé en fonction de la typologie du bâtiment, de sa localisation géographique et de son altitude.

RT 2012 : apparition du coefficient Bbio pour optimiser l’aspect bioclimatique

La RT 2012 introduit le coefficient “Bbio” afin de caractériser l’impact de la conception bioclimatique sur la performance énergétique du bâti. Le travail consiste à pourvoir naturellement une partie des besoins énergétiques du bâtiment.

Cela inclut notamment :

  • l’enveloppe (isolation, apports solaires et lumineux, étanchéité à l'air, etc.)
  • la structure du bâtiment (inertie de la dalle)
  • l’organisation interne (agencement des pièces, équipements et lumière naturelle)

Le coefficient “Bbio” maximal d’un projet est alors le suivant :

  • Bbiomaxmoyen : valeur moyenne du Bbiomax définie par type d’occupation du bâtiment ou de la partie de bâtiment et par catégorie CE1/CE2. (Voir définition CE1/CE2)
  • Mbgéo : coefficient de modulation selon la localisation géographique
  • Mbalt : coefficient de modulation selon l’altitude
  • Mbsurf : pour les maisons individuelles ou accolées, coefficient de modulation selon la surface moyenne des logements du bâtiment ou de la partie de bâtiment

Les autres nouveautés de la RT 2012 : des exigences de moyens

En parallèle, on note l'apparition de nouvelles exigences tel que :

  • Le ratio des ponts thermiques ramené par m² de SHON RT ne doit dépasser 0,28 W/(m²SHONRT.K)
  • L'étanchéité à l’air de l’enveloppe, sous 4 Pascal, ne doit pas dépasser :
    • 0,6 m3/(h.m²) de parois déperditives, hors plancher bas, en maison individuelle
    • 1 m3/(h.m²) de parois déperditives, hors plancher bas, en immeuble collectif d’habitation
  • Le recours obligatoire, en maison individuelle, à une source d’énergie renouvelable soit par solution technique, soit par calcul en démontrant :
  • Un accès à l’éclairage naturel, en maison individuelle et immeuble collectif d’habitation, par surface des baies extérieures (fenêtre, porte-fenêtre, murs rideaux ou façades rideau, portes d’entrée, portes de service qui donnent sur l’extérieur) supérieur ou égal à 1/6 de la surface habitable.
  • La mise en place, en maison individuelle et collectif d’habitation, de systèmes de mesure ou d’estimation de la consommation d’énergie des usages :
    • chauffage ;
    • efroidissement ;
    • production d’eau chaude sanitaire ;
    • réseau prises électriques ;
    • autres.
    • Cette information est à délivrer dans le volume habitable.

  • La prise en compte de la production d’électricité à demeure par déduction à la consommation conventionnelle (Cep) que si celle-ci n’est pas supérieure à Cepmax + 12 kWhep/(m².an) avant la déduction. (ex : si Cep max = 65 kWhep/(m².an) du bâtiment, alors possibilité de déduction de la production d’électricité si Cep ≤ 77 kWhep/(m².an) avant déduction. Sachant qu’il faudra produire à minima 12 kWhep/(m².an) dans ce cas pour rester réglementaire)

Ces 6 derniers points augmentés des 4 points des garde-fous constituent les exigences obligatoires de moyen à appliquer au bâtiment d’habitation. Pour les autres bâtiments, des exigences spécifiques doivent s’appliquer.

L’isolation des parois qui séparent les parties à occupation continue des parties à occupation discontinue doivent être dotées d’un coefficient de transmission thermique U au minimum inférieur ou égal à 0,36 W/(m².K) en valeur moyenne.

Un test de perméabilité à l'air devient également obligatoire pour les bâtiments à usage d’habitation : toiture, fenêtres, tuyauteries, réseaux divers... partout où l'air passe et/ou la chaleur s'échappe.

On retrouve ainsi deux règles à respecter :

  • Maison individuelles ou accolée : I4 ≤ 0,6 m3/(h.m2)
  • Immeubles collectifs : I4 ≤ 1 m3/(h.m2)

Pour garantir le confort d’été, l’ouverture des baies est obligatoire à 30 % minimum par local, sauf si les règles d'hygiène ou de sécurité l'interdisent.

Le facteur solaire des baies Sw doit lui être inférieur ou égal au facteur solaire Sw du garde-fou.

Le traitement des ponts thermiques est dorénavant obligatoire avec la RT 2012 afin de disposer de bâtiments encore mieux isolés. Une marge de manoeuvre est toutefois plus grande dans la RT 2012 par rapport à la RT 2005 dans le choix des moyens pour y parvenir :

On retrouve ainsi deux exigences à retenir :

  • Exigence sur le ratio de transmission thermique linéique moyen global : ψ ≤ 0,28 W/(m².K)
  • Exigence sur le coefficient de transmission thermique linéique moyen des liaisons entre planchers intemédiaires et les murs donnant sur l’extérieur ou un local non chauffé : ψ ≤ 0,6 W/(m².K)

La RT 2012 impose aussi d’installer dans le volume habitable un dispositif d'affichage de suivi des consommations sur tous les postes de consommation :

  • chauffage
  • refroidissement
  • eau chaude sanitaire (ECS)
  • réseau de prises électriques
  • autres postes (éclairage, ventilation, auxiliaires, etc…)

On retiendra enfin la précision de l’article 16 de l'Arrêté, qui fait état de l’obligation pour les maisons individuelles ou accolées d’avoir recours aux énergies renouvelables ou à une solution alternative.

On peut alors opter pour :

  • les capteurs solaires thermiques pour la production d’eau chaude sanitaire
  • les panneaux photovoltaïques pour la production d’électricité
  • les chaudières à bois ou les poêles à bois
  • le raccordement d’un réseau de chaleur alimenté à plus de 50 % par des énergies renouvelables

Tous ces équipements sont considérés comme sources d'énergies renouvelables.

En solution alternative, on peut avoir recours à :

  • un chauffe-eau thermodynamique
  • une chaudière à micro-cogénération

Pour plus d’informations :

http://www.rt-batiment.fr/

Sources de l’article :

http://www.developpement-durable.gouv.fr/Chapitre-I-La-reglementation.html

http://www.rt-batiment.fr/batiments-neufs/reglementation-thermique-2012/presentation.html

http://www.cythelia.fr/images/file/B%C3%A2timent%20-%20doc/Comparaison%20RT2005%20-%20RT2012(1).pdf